dimanche 18 mars 2018

ON NE DIT PAS LAPIN SUR UN BATEAU


Vous êtes un parent qui ne perd jamais le doudou, n’oublie jamais le goûter, se rappelle toujours du prénom de ses enfants, en somme vous êtes un parent responsable et organisé ? Cette situation doit cesser. Votre enfant est invité à sa toute première fête d’anniversaire par un copain de classe ? Saisissez cette opportunité pour parfaire votre incompétence parentale. (Merci de bien respecter les étapes pour un meilleur rendu.)

Etape 1 : Allez récupérer votre progéniture à l’école maternelle et découvrez dans son casier la toute première pierre de l’édifice de sa future vie sociale : un carton d’invitation pour l’anniversaire de… Phrnffr (sa mère écrit super mal). Extasiez-vous exagérément devant votre fille qui ne mesure pas à quel point c’est important une vie sociale. Surtout que Phrnnfr, elle voit même pas qui c’est. Expliquez-lui le coup de la pierre, de l’édifice, tout ça. Ayez la sensation qu’elle s’en tape le légo. Réalisez que si votre fille ne participe pas, elle ne sera plus invitée aux anniversaires, puis aux booms, puis aux soirées étudiantes, puis aux raves, puis aux sauteries du Rotary Club, ô mon dieu !

Etape 2 : Manipulez votre enfant en lui parlant tous les jours de la fête d’anniversaire de Phrnnfr afin de déclencher en elle un syndrome d’envie, envie propre à déclencher une sensation de manque, manque propre à  générer un besoin, besoin que vous comblerez aisément en l’emmenant à la fête d’anniversaire où elle ne voulait pas foutre les pieds. Et en plus elle vous dira « merci maman ». Rendez-vous compte que vous auriez pu diriger le groupe Carrefour.

Etape 3 : Après deux semaines de bourrage de crâne à faire pâlir le dircom de Carglass, emmenez votre enfant chez le marchand de jouets pour acheter le cadeau de Phrnnfr qui célèbre l’après-midi même ses 5 ans au Pirate Paradise. Suggérez à votre fille que si Phrnnfr a choisi le Pirate Paradise, restaurant sur le thème des…pirates, c’est sûrement qu’il aime les…pirates, et que ce serait judicieux de lui prendre des playmobils…pirates. Regardez, émue, votre fille acquiescer vigoureusement et choper une boîte de playmobil policier. Vous vous en tapez la noix, au moins elle est contente d’aller à sa fête à la con.

Etape 4 : A l’heure dite, arrivez plein d’entrain et de joie au Pirate Paradise et redoublez d’entrain et de joie à l’idée de ne faire que déposer votre enfant dans cet endroit où chaque cri rebondit inlassablement sur les parois en faux bois dégueulasse d’une immense salle glauque exprès, imaginée par un décorateur moins pirate que dépressif. Ayez la migraine.

Etape 5 : Indiquez à l’hôtesse d’accueil qui croit être déguisée en pirate mais qui ressemble au monsieur qui croit être déguisé en dame sur la 113, que vous  venez pour l’anniversaire de Phrnnfr et attendez sa réponse en couvrant d’un regard ému votre enfant qui serre contre son petit cœur le cadeau pour le gamin de sa classe qu’elle ne connaît pas. Mesurez l’efficacité de votre machiavélisme. Dans 2 secondes vous serez loin.  

Etape 6 : Déclenchez-vous un acouphène lorsque vous entendez le trav’ des Caraïbes vous asséner un : « Vous devez vous tromper Madame. »

Etape 7 : Empanachée de calme et de diplomatie, rétorquez un « Comment ça je me trompe ? ». Puis, portée pas des années d’hystérie, exprimez avec une rafraîchissante spontanéité : « C’est pas ici le Pirate Paradise ? Vous vous foutez de ma gueule ? Y des pirates partout ! Là-bas y a un pirate ! Là-bas y a encore un pirate ! Vous-même, vous êtes un… bon vous on sait pas… Pourquoi y a des pirates partout si c’est pas ici, hein ? Hein ? »

Etape 8 : Appréciez le moment de répit auditif. Tout le monde a fermé sa gueule et vous regarde…

Etape 9 : Coupez Jacqueline Sparrow qui tente un « Non mais c’est ici mais… » et ajoutez : « J’ai un document qui le prouve ! » (n’importe quoi) « J’ai une invitation, regardez ! » (fouille dans le sac, fouille dans le sac) « C’est quand même un monde ! » (trouve le papier) « Aaaaah ! Regardez ! »

Etape 10 : Auréolée de la suffisance qui caractérise l’administré dans son bon droit, jetez un œil à votre fille l’air de dire : « Tu vois comme maman ne se laisse pas faire, hein ? »

Etape 11 : Tentez de repérer la cale du bateau de pirate afin de disparaître à jamais quand Capitaine Michou vous sert le plus calmement du monde :  « Elle est pour le 14 votre invitation. On est le 17. »

Etape 12 : Pendant que vous voyez votre vie défiler devant vos yeux, ou du moins tous les moments où vous avez tenté avec succès de convaincre votre fille que c’est génial d’aller à l’anniv’ de Phfnnfr, laissez Miss Coraya s’adresser à la petite en larmes et par là même vous enterrer : « Allez, on va essayer de réparer les bêtises de maman, tu veux aller dans les jeux ? »

Etape 13 : Remerciez la dame et passez une heure entière à regarder votre fille faire du toboggan dans une ambiance sonore de type Rungis à 5 heures du. En mâchouillant votre Lexomil, inventez un jeu de mot rigolo du type « et joyeux annulversaire ! » Promettez-vous de ne jamais utiliser ce jeu de mot. Finissez par vous asseoir sur le cadeau de Phrnnfr.



Voilà, outre le fait que vous avez posé une pierre supplémentaire à l’édifice de votre incompétence de mère, vous avez aussi appris que si prononcer le mot « lapin » sur un bateau porte malheur, rien n’empêche d’en poser un au pirate.


Et qui c’est qui a gagné du temps ?


dimanche 4 février 2018

L’ACCIDENT DE POLITESSE


Aujourd’hui, nous allons apprendre à perdre l’usage de notre main. (Merci de bien respecter les étapes pour un meilleur rendu.)


Etape 1 : Ayez une main en bon état de marche, c’est très important si vous souhaitez en perdre l’usage. Effectuez des petits mouvements avec votre poignet, des arabesques, des doigts d’honneur, des chifoumis, des trucs un peu fou-fou pour contrôler que tout fonctionne à merveille.

Etape 2 : Rendez vous dans un bar, un restaurant ou tout autre lieu qui fleure la fête et la convivialité, un lieu où vous pensez vous détendre et qui ne suggère en aucun cas une mutilation imminente.

Etape 3 : En arrivant, repérez un monsieur que vous connaissez plus ou moins parce que vous travaillez plus ou moins avec. Il doit impérativement être attablé avec son épouse. 

Etape 4 : Hésitez entre les deux options universelles et incontournables dans ces moments-là : « j’y dis bonjour ou j’fais genre j’l’ai pas vu… ». 

Etape 5 : Ayez la sensation que lui, il vous a vue. 

Etape 6 : Tel le jedi des bonnes manières, demandez-vous si c’est un test, pesez le pour et le contre. « C’est pas à lui de se lever donc logiquement il attend que je vienne vers lui. »

Etape 7 : « Mais peut-être pas… »

Etape 8 : Réalisez que ça fait 2 longues minutes que vous le fixez bizarrement et qu’à ce stade, si vous n’allez pas le saluer, il va penser que vous êtes cinglée. (Alors qu’il vaut mieux qu’il en ait la surprise dans le cadre de vos relations professionnelles.)

Etape 9 : Bon. Allez-y. Mais allez-y si possible en interrompant très certainement une conversation un peu tendue de la couille entre les époux. 

Exemple :
- La dame : C’était qui cette brune avec qui je t’ai vu l’autre fois ?? Heiiin ??
- Le monsieur : Mais ma chérie, je t’assure que je ne connais aucune brune.
- Vous (vous êtes brune) : Bonjouuuur…

Etape 10 : Essayez de ne pas perdre toute estime de vous lorsque le monsieur avec qui vous travaillez plus ou moins vous oblige à décliner vos nom, prénom et numéro de sécurité sociale avant de vous remettre. Et évitez de vous dire que vous auriez du faire comme si vous ne l’aviez pas vu, vous vous faites du mal. Et c’est inutile, d’autres peuvent s’en charger, vous allez l’apprendre tout de suite.

Etape 11 : Laissez le monsieur avec qui vous travaillez plus ou moins vous présenter sa femme. Tentez d’éviter les sabres laser qu’elle lance avec ses yeux dans votre direction et tendez une main pleine de confiance vers Anna Kin.

Etape 12 : Savourez la douce mélodie du craquement de tous vos os lors de la poignée de main, poignée de main qui vous semble durer 10 minutes et vous laisse le temps de vous remémorer cette video rigolote sur le championnat du monde des dévisseurs de bocaux de cornichons ou celle du mec qui éclate une brique avec ses doigts et demandez-vous comment cette frêle personne peut avoir autant de force, aussi obscure soit-elle. Sans déconner. Faites passer vos larmes de douleur pour des larmes d’émotion suscitées par cette bouleversante rencontre. « Je vous ai trouvée géniale dans l’épisode VI. »

Etape 13 : Utilisez la crispation des muscles de votre visage pour prétendre sourire exagérément, extirpez votre membre polytraumatisé des démonstrations de sympathie de votre nouvelle copine avant qu’elle ne vous apprenne qu’elle est votre mère et fuyez vous asseoir très très loin.


Voilà, ça vous apprendra à être polie.

Et qui c’est qui a gagné du temps ?



samedi 20 janvier 2018

DÉCONFITURE DE BONNE MAMAN


Toutes les mères veulent être bonnes (comme "être une bonne mère") et toutes les mères veulent être bonnes aussi (comme "comment elle est bonne ta mère"). Mais les mères, dans leur course à la bonnitude, en oublient d'être originales. Et ça, c'est mal. C'est pourquoi, aujourd'hui, nous allons apprendre à devenir une mère o-ri-gi-na-le ! (Merci de respecter toutes les étapes pour un meilleur rendu )

Etape 1 : Faites bien la teuf tout le week-end et prenez la précaution d’éviter de faire les courses.

Etape 2 : Le dimanche, couchez-vous vers 3h du mat pour vous assurer une belle tête fiontale au réveil.

Etape 3 : Éveillez-vous le lundi matin 13 minutes avant l'heure-guillotine de l'école en prenant grand soin de laisser votre tronche dans son logement étroit et odorant.

Etape 4 : Apprenez de la bouche non fluorée de votre enfant qu'il a besoin d'un pique-nique là, tout de suite, pas demain, non, là, aujourd'hui, maintenant, pour sa géniale p***** de sortie de classe de m**** que sa c**** de gentille maîtresse de sa r**** a prévu en ce lundi. Pique-nique ta mère !

Etape 5 : Paniquez.

Etape 6 : Tentez rapidement de joindre par téléphone le ministère de l'Education Nationale pour vous faire expliquer comment déscolariser votre enfant là, tout de suite, maintenant. Après 12 minutes d'attente en musique, constatez qu'il est plus simple de lui préparer un pique-nique, en fait.

Etape 7 : Cherchez un petit sac à dos. Ne le trouvez pas. Cherchez un sac plastique. Ne le trouvez pas. Prenez un sac poubelle.

Etape 8 : Attrapez n'importe quelle boîte de conserve ( le mieux c'est une boîte de haricots rouge, je trouve ) et glissez-la amoureusement dans le joli sac poubelle de pique-nique.

Etape 9 : Ne lavez surtout pas de cuillère, trouvez plutôt une paille ( une du Mac Do d'hier, c'est parfait ) et collez-la sur la boîte de haricots avec un pansement parce que vous n'avez pas de scotch.

Etape 10 : Faites remarquer à votre gamin dont le visage est pétri d’ingratitude qu'il aura le repas le plus o-ri-gi-nal de la classe.


Faites vous des bisous, vous avez réussi un incroyable challenge dès le réveil et votre relation mère/fils en est sortie magnifiée. 


Et qui c'est qui a gagné du temps ?


PLONGEE EN THAILANDE


Aujourd’hui, nous allons concrétiser votre rêve : devenir plongeur professionnel en Thaïlande. (Merci de bien respecter les étapes pour un meilleur rendu.)

Étape 1 : Partez pour un mois en Thaïlande avec un petit budget. Ne préparez rien, n'organisez rien, vous êtes la Liberté, vous êtes le vent, vous êtes un oiseau. Et puis vous verrez bien. D’ailleurs, faites vôtre ce leitmotiv : « bah, on verra bien… ».

Étape 2 : Les premiers jours, décidez que vous êtes un baroudeur-happy-routard-roots-hippie-crado-trop-open-minded, portez tous les jours le même T-shirt, mangez dans la rue, dormez dans des poubelles et inversement.

Étape 3 : Au bout de quelques jours, décidez que vous voulez bien être un baroudeur mais que les budgets c’est comme les capotes, quand c’est trop serré ça coupe la chique. De plus, vous puez du T-shirt.

Etape 4 : Faites péter l'hôtel à cent boules. Pour deux nuits.

Étape 5 : Ayez un aigre relent de réalisme et demandez à votre conjoint si vous n'êtes pas en train de faire n'importe quoi. Entendez-le vous répondre, la tête dans le mini-bar : « On la débouche la bouteille de vin à 30 balles ? » et opinez.

Etape 6 : Le lendemain matin, regrettez vos choix infantiles et inconséquents et choisissez un hôtel vraiment dans vos moyens, à savoir le bouge le moins onéreux du coin, dont le nom « Sea View » (vue sur mer, donc) vous évoquera plus tard la stratégie du loup qui se fait passer pour une grand-mère afin de se taper ce con de Chaperon Rouge, ce qui est d’une crédibilité sans nom, on n’y croit pas une seconde, mais la vue sur mer, on y croit à mort, mon dieu que cette phrase est longue et encore j’ai pas mis d’adverbes.

Etape 7 : Réjouissez-vous un court instant en apprenant que l’hôtel  « Sea View » a été rénové. Un peu à la manière de la riche famille Cohen qui a dû céder sa demeure cossue à un vilain nazi pour aller s’entasser dans le Ghetto de Varsovie, découvrez avec humilité la chambre effectivement rénovée ou plutôt « en cours de rénovation ». A l’aide de votre appareil auditif, comprenez rapidement que la rénovation se poursuit d’ailleurs dans les chambres adjacentes et constatez, ému,  le caractère universel du son du marteau-piqueur qui est le même en Thaïlande qu’en France.

Etape 8 : Sortez sur la terrasse, demandez-vous ce que c’est que tout ce bordel en contrebas et constatez, ému, le caractère universel de la laideur d’une décharge qui est la même en Thaïlande qu’en France.  Déduisez que la seule vue que vous aurez de l’eau sera celle du fond de la cuvette quand vous vomirez de contrariété.

Etape 9 : Effectuez un salto arrière mental et décidez que ces considérations budgétaires ne cadrent pas avec votre vision résolument anti-matérialiste de la vie. Faites péter un hôtel à 200 boules.

Etape 10 : Remplacez dans toutes vos phrases l'expression « on verra bien » par « au point où on en est ».

Etape 11 : N’ayant  plus les moyens de rentrer chez vous, trouvez-vous un boulot de plongeur, pas celui qui explore les fonds marins, mais celui qui lave les assiettes dans les restaurants thaï, et ce, jusqu'à ce que le palu vous emporte...ou le vent.


Voilà, vous aurez d’abord appris que la misère est moins pénible au soleil ET dans un hôtel de luxe. Mais aussi que si la liberté se décide, la richesse non.


Et qui c'est qui a gagné du temps ?


LA RÉVOLUTION AUTARCIQUE


Aujourd'hui nous allons apprendre à vivre en autarcie jusqu'à la fin de nos jours. (Merci de bien respecter toutes les étapes pour un meilleur rendu)

Étape 1 : Refusez en bloc le modèle de société consumériste qu'on cherche à vous imposer. Pour ce faire, rien de plus simple, dites NON dès qu'on vous parle de consommation. La réponse NON ne collera pas forcément à la conversation et vous prenez le risque que personne ne vous comprenne, mais les rebelles sont souvent des incompris, assumez votre différence.

Étape 2 : Décidez de ne vous alimenter qu'à base de produits de votre jardin. Constatez que seuls les bourges qui ont un jardin ont les moyens de se rebeller.

Étape 3 : Après avoir mangé de l'herbe et du gravier pendant quelques semaines, décidez d'équiper votre révolution alimentaire d'un potager.

Étape 4 : Plantez des graines, arrosez, dites sur Facebook que vous, vous n'allez pas à Carrefour comme les moutons (rhaaaaa du mouton !!! Non calmez-vous, je sais que vous n'avez pas mangé de viande depuis trois mois mais calmos), bref, vous avez un potager.

Étape 5 : Un beau jour, décidez de cuisiner un plat à base de poivron. Constatez que vous avez oublié d'acheter des poivrons à Carrefour (hein, ouais, parce que votre révolution, il y a un bail qu'elle a cédé aux appels du ventre...) Allez joyeusement au potager et ramenez trois magnifiques poivrons de votre production guevarienne, des genres de légumes militants quoi.

Étape 6 : Trouvez qu'ils sont quand même foutrement petits et biscornus dis donc. Mordez dedans et arrachez-vous votre gueule de rebelle.

Étape 7 : Chialez votre mère, mais c'est quoi ces poivrons qui te décollent le palais bordel ? (Notez le caractère révolutionnaire du légume qui casse le palais, bâtiment monarchique caractéristique du dedans de la bouche, s’il en est…)

Étape 8 : Déduisez que vous avez fait pousser des piments, révolutionnaires, certes, mais des putain de piments quand même.

Étape 9 : Décidez de transformer votre révolution potagère en grève de la faim.

Étape 10 : Mourez.


Voilà, vous avez vécu en autarcie jusqu'à la fin de vos jours, soit pendant 48 heures.


Et qui c'est qui a gagné du temps ?


LES ÉMOTIONS AUTOMOBILES


Aujourd'hui nous allons découvrir comment vivre des sensations fortes grâce à notre vieille voiture moche et qui pue. Guide rédigé pour une Clio mais fonctionne aussi avec une Ford Fiesta. (merci de bien respecter toutes les étapes pour un meilleur rendu)

Étape 1 : les pré-requis
Ayez une voiture vieille, moche et qui pue. Cette étape peut prendre plusieurs années mais si vous êtes performant dans la négligence, à coup de créneaux ratés et de déchets glissés sous les sièges, vous pouvez obtenir un résultat satisfaisant au bout d'un mois. Ou alors vous avez trois gosses, et en deux heures c'est réglé.

Étape 2 : la haine, la honte
Maintenant que votre voiture est bien pourrie, amusez-vous à vous auto-humilier en prenant à bord des personnes plus importantes que vous socialement. (Auto-humilier...c'est drôle ça tiens)

Étape 3 : la sérénité, mais extrême (l'état de ta bagnole est tellement lamentable, il peut plus rien t'arriver)
Auréolée de votre nonchalance, allez garer votre catrouille (carrosse + citrouille) dans un parking réalisé par un architecte misanthrope. Choisissez par exemple un parking sous-terrain à plusieurs niveaux où les places ont la même numérotation à tous les étages. Garez-vous au niveau -2 et retenez biiiiiien que votre place, c'est la 19.

Étape 4 : l'angoisse, la peur
A votre retour, allez au niveau -3 et trouvez la place 19. Ressentez votre effroi devant la place 19...vide. Oui, je dis "votre" effroi parce que vous le connaissez bien, vous l'avez ressenti en ouvrant le journal pour les résultats du bac, en ouvrant le placard à apéros désert et en ouvrant la porte à votre belle-mère et sa valise (arrêtez d'ouvrir des trucs, ça ne vous réussit pas).

Étape 5 : La panique, la folie
Tout en suant abondamment, ayez une pensée étrange du type : "c'est con, je venais de payer le parking" puis cliquez comme un gros débile sur votre clé pour, alors là c'est au choix :
- essayer d'entendre le clic-clic de réponse pour localiser l'engin - impressionner les voleurs avec les lumières - ta voiture c’est Kit de K2000 et elle va te répondre



Étape 6 : le soulagement
Comprenez enfin que vous êtes au 19 du -3 et pas au 19 du -2. (Vous voyez que c'est important l'ordre des étapes, si vous commencez par la 6, ça marche pas)

Étape 7 : la transcendance
Retrouvez votre rougne minable dans un feu d'artifices interne de liesse nirvanesque. Soyez content quoi.


Voilà, vous venez d'éprouver mille sensations incroyables. Clio. Auto émotion. (Ah non, c'est Seat)

Et qui c'est qui a gagné du temps ?




LA RANDONNEE


Aujourd'hui nous allons être un petit malin et prendre un raccourci parce que la rando balisée, elle est trop dure. (Merci de bien respecter toutes les étapes pour un meilleur rendu.)

Etape 1 : Repérez bien le parcours prévu sur la carte à moitié effacée sur un panneau devenu résidence termitière puis, depuis l’intérieur de votre jean slim et de vos petites baskets qui passent le videur en boîte de nuit, prenez un instant pour vous foutre de la dégaine des autres randonneurs, suréquipés et atteints d’une forme de consanguinité vestimentaire, é qué s’appelorio Quechua.

Etape 2 : Commencez la randonnée niveau « moyen ». Demandez-vous si le mec qui a qualifié le parcours comprend le mot « moyen » et s’il décrirait « les 12 travaux d’Hercule » comme un tutoriel pour refaire le carrelage de la cuisine. Après avoir grimpé 10 longues minutes dans la forêt, faites une pause et décidez si vous continuez ou pas. Bon, vu que je n’ai que 2 étapes, continuez.

Etape 3 : Escaladez plus que marchez une  pente dont la raideur serait à deux doigt de vous couper la faim, et ce, durant environ 7 heures. Arrivez plus ou moins en vie à un point culminant où que c'est joli à regarder. Faites une photo pour Facebook que vous légenderez « c'était difficile mais ça valait le coup » (mon cul, non, vu l'effort fourni, on devrait t'accueillir avec un mojito, un feu d'artifice et un orchestre), et constatez que vous n'avez pas marché 7 heures mais 2 et qu'il reste environ 4 heures de montée.

Etape 4 : Décidez de vous désolidariser de vos co-randonneurs et empruntez un pittoresque chemin de traverse pour profiter de cette jolie promenade un peu moins longtemps (je traduis : laisse les autres connards avec leur camel-back et les connasses avec leur camel-toe suivre leurs flèches vertes à la con et coupe tout droit jusqu'à la bagnole.)

Etape 5 : Ignorez l'évidence que si le chemin a été balisé c'est pour éviter de vous mettre en danger, prenez-en un autre et foncez comme un débile dans la bruyère, tombez régulièrement en prenant soin de vous tordre toutes vos chevilles. Renoncez. Essayez de rejoindre les randonneurs conventionnels en escaladant des éboulis de caillasse. Renoncez. Finissez de descendre cette putain de montagne et soyez récompensé par une jolie surprise en bas : un joli troupeau de jolies vaches.

Etape 6 : Ayez peur des vaches et sautez les barbelés dare-dare. (Si, ça fait peur une vache.)

Etape 7 : Traversez une forêt pendant une petite heure en vous enfonçant jusqu'aux genoux dans un bucolique mélange de boue, feuilles et animaux morts et soyez récompensé par une jolie surprise en bas : un joli troupeau de jolis chevaux.

Etape 8 : Constatez que oui, un cheval peut attaquer, ayez peur des chevaux et sautez encore des barbelés (alors quand je dis sauter, c'est davantage roule dessous comme une merde et laisse un bout de ton pantalon et une oreille.)

Etape 9 : Arrivez, victorieux et moralement brisé (c'est compatible) à une route. Notez qu'en quête de beaux paysages, c'est finalement la départementale 352 qui vous procure le plus grand émoi. Tapez-vous encore trois bornes de bitume en n'omettant pas de faire des doigts aux randonneurs en fluo du début qui passent à côté de vous en voiture vu que ça fait deux bonnes heures qu'ils ont fini la rando. Eux.

Etape 10 : Revenez sur le parking bien détendus et adoptez, pour les derniers mètres, la démarche nonchalante du mec qui ne suit pas les parcours balisés. Ou plutôt rampez jusqu’à votre voiture en pleurant.


Vous savez maintenant comment transformer une balade de 4 heures en 6 heures de parcours du combattant (mais le combattant qui a perdu).


Et qui c'est qui a gagné du temps ? (Ben c'est pas nous)